Le 13 Mai 2018 , Jim Dalibert, professeur d’Histoire- Géographie au collège Sainte Geneviève s’est rendu à Calais pour reverser la totalité des dons (fournis par les parents et élèves de primaire et collège), récupérés via une collecte organisée par 3 élèves de 4E Européenne : Matys Grieu, Alexandre Hébert et Gabriel Desbordes, à l’association Utopia 56.

La collecte de dons est le résultat d’un projet d’EMC (Éducation Morale et Civique) de 4e écrit par les élèves. Ce groupe, aidé par le notre, a réussi à monter cette collecte en un trimestre. Elle a commencé le 27 mars 2018 et s’est terminée le 24 avril 2018 dans le but de collecter un maximum de vêtements et de produits hygiéniques. Nous estimons avoir des dons pour une cinquantaine de migrants dans le besoin vivant actuellement à Calais dans des conditions déplorables.

Mr Dalibert est parti de Bolbec pour Calais dans le but de passer son après-midi et sa soirée à interviewer les bénévoles. «C’était la première fois que j’allais à Calais, à la demande des élèves. Pour eux c’était l’occasion d’aller au delà du cours en posant à travers moi leurs questions. C’était surtout l’occasion d’assurer aux élèves et parents que les dons étaient arrivés à destination et surtout sans tarder, à l’inverse d’années précédentes » explique M. Dalibert. Pour les interviews, Mr Dalibert ne voulant pas se montrer agressif avec sa caméra et n’ayant pas le temps de tisser des liens, a juste utilisé son dictaphone. Pour autant, des images l’ont marqué : « La première fut en arrivant sur l’espace industriel et portuaire. Immédiatement, nous avons vu une vingtaine de migrants courant mollement de part et d’autre de la nationale, poursuivit mollement par des CRS, gaz à la main. C’est cette mollesse qui m’a frappé. Chacun semblait faire cela sans y croire, et trahissait cette répétitivité quotidienne. Sur le visage des CRS comme des migrants, une profonde lassitude. Nous arrivions en pleine impasse.»

M. Dalibert atteint la « warehouse » (=entrepôt en français) où se situe les 8 associations dont Utopia 56 vers 14h30. L’ambiance de la « warehouse » est très étonnante malgré la fatigue des bénévoles. Il y a de la musique à fond dans les bâtiments, beaucoup d’entraide entre les bénévoles. « Tous semblait se connaître depuis longtemps, ils parlent en anglais ou en français, plaisantent entre eux, se prennent dans les bras les uns les autres, mais tous sont très marqués par la fatigue. »

Mr Dalibert a discuté avec de nombreuses personnes comme des coordinateurs d’actions sur terrain, le co-fondateur d’Utopia56, la coordinatrice des stocks de dons … Leurs missions consistent à préparer et distribuer des centaines de repas aux migrants (du riz principalement), donner des cours aux enfants, distribuer les dons, accompagner les migrants à l’hôpital ou dans les démarches administratives… ou en « maraude » consistant à suivre les voitures de police jusqu’à ce qu’elles trouvent des migrants et s’assurer que tout se passe sans tension durant l’interpellation.

Mr Dalibert ne pensait pas voir une ville aussi pauvre, souffrant du chômage (commerces fermés, forte mendicité) et de l’immigration (climat policier omniprésent en ville).Mr Dalibert retournera à Calais 2 semaines durant les vacances d’été pour obtenir les réponses aux questions des élèves, pour prendre des photos, voir des vidéos ou des interviews via sa Page Google Plus (« MonsieurDalibert »)…. «La situation est complexe, j’aimerais prendre le temps de mieux comprendre une situation que je dois faire apprendre en 4e, mais qui se modifie très vite. Malgré les manuels, malgré la presse de tous bords, Calais m’a surpris. On comprend bien mieux en discutant avec tout le monde. J’espère vraiment pouvoir rencontrer policiers, calaisiens, migrants, et associations. Mais pour être légitime, il faut créer la confiance, se montrer. […] Chaque cours de géographie ou d’EMC mériterait un tel approfondissement. Mais celui ci, en perpétuelle évolution, se trouve à 2h en voiture de moi. Difficile de résister.»

Fares GHARSALLAH  , Jules PEZIER.